Marathon du cinéma
1OO FILMS. 100 ANS DE CINEMA
À partir du 28 septembre, la Cinémathèque Marocaine ouvre ses portes à un pari fou : traverser 100 ans de cinéma en 100 films. Non pas pour contempler des gloires immobiles, mais pour mesurer la vigueur d’un art qui n’a jamais cessé de se réinventer.
Nous verrons naître les images qui ont forgé le siècle : Eisenstein et ses foules en marche, Murnau et ses ombres hantées, Fritz Lang et ses machines dévorantes. Orson Welles, démiurge des miroirs et des labyrinthes. Nous verrons ces images se déconstruire par des incendiaires de la forme : Godard, Bergman, Kubrick, Tarkovski. Nous verrons surgir les grammaires du nouvel Hollywood, enfantant des anti-héros désenchantés dans des sociétés en convulsion.
Et viendront enfin les maîtres italiens, I Maestri : De Sica, Fellini, Antonioni, Visconti, qui ont su faire du cinéma à la fois un poème social, une fresque onirique, ou une méditation sur le vide.
Puis nous glisserons dans les temps suspendus de Wong Kar-wai, les errances poétiques de Kiarostami, l’épure ascétique d’Imamura, et les fièvres populaires de Youssef Chahine.
Mais ce Marathon n’est pas une nostalgie. Il est aussi un guet.
Nous tendrons l’oreille aux cinémas qui s’écrivent aujourd’hui. Révélations venues d’Afrique, du monde arabe, d’Asie ou d’Amérique latine, des cinéastes qui interrogent nos identités mouvantes et multiples. Des films qui n’imposent pas une vérité mais ouvrent des failles, déplacent les récits convenus, rappellent que le cinéma est toujours un langage à recommencer. Qu’il s’agisse de balades oniriques ou distopiques, de satires acides ou d’essais formels, tous revendiquent la nécessité d’une autre manière de voir, de raconter, et d’habiter le monde.
Le Marathon du Cinéma se veut aussi un hommage au cinéma humaniste, cet art de la ciselure intime qui, au-delà des styles et des époques, place l’homme et sa dignité au cœur du récit. Rappelant que le cinéma n’est jamais aussi puissant que lorsqu’il s’attache à révéler la fragilité des existences ordinaires. Ces films ne cherchent pas l’esbroufe, mais l’éveil : ils questionnent notre responsabilité face à l’autre, notre capacité à l’accueillir, à voir dans son visage une promesse d’humanité.
Le Maroc y trouve naturellement sa place, dans toute sa richesse et sa diversité. Des premiers gestes aux expressions les plus contemporaines. Se dévoilant comme une suite de ruptures fécondes, tissant un langage singulier où chaque film s’inscrit comme un fragment de notre histoire collective et une promesse de dialogue avec les cinémas du monde. Un cinéma qui sait être grave et lyrique, mais aussi drôle, léger, capable de nous rassembler dans un même éclat de rire.
Mais ce marathon ne se limite pas aux longs-métrages. Il accueillera aussi des courts-métrages, laboratoires d’invention formelle, des documentaires qui sondent le réel et ses vertiges, des films d’animation qui déploient leurs mythologies modernes, et des master-class où cinéastes, chercheurs et critiques viendront partager leurs regards et leurs outils.
L’invitation est lancée : rejoindre cette odyssée.
100 films comme 100 éclairs, pour rappeler que, depuis plus d’un siècle, le cinéma n’est pas seulement un art : il est une manière de vivre, de résister, et de rêver ensemble.